LA TRÊVE DE DIEU
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Les neuf fondements corrompus de la Grèce classique

Gary North - 23 octobre 2015

Vous êtes peut-être un parent chrétien à la recherche d'un programme d'études pour votre enfant. Vous envisagez une école qui coûterait 5 000 dollars par an. Elle proposerait ce qu'elle appelle un programme d'études chrétiennes classiques.

Gardez votre argent. Un programme d'études chrétiennes classiques ça n'existe pas. Il n'y en a jamais eu.

Il s'agit d'un hybride factice de deux systèmes rivaux de pensée, de politique et de culture. Ces deux systèmes sont en guerre l'un contre l'autre. Ce programme est vendu à des parents chrétiens crédules par des enseignants peu cultivés qui ne comprennent pas la Grèce classique ou qui trompent délibérément les parents.

La Grèce de l'éducation chrétienne classique est une Grèce javellisée qui n'a jamais existé.

Supposons que je vous fasse une offre en vous disant que j'ai un programme d'études fondé sur les idéaux de la Grèce classique, c'est-à-dire d'Athènes. C'est ce que le terme « Grèce classique » a toujours signifié en Occident : Athènes.

Vous vous dites intéressé, mais vous voulez d'abord en savoir plus sur la vision du monde de la Grèce classique. En quoi croyaient-ils ? Quels étaient les fondements de la civilisation grecque classique ? Je vous propose cette liste.

1. La pédérastie. Il s'agit de l'union homosexuelle d'un homme marié plus âgé avec un adolescent. Les hommes rencontraient souvent les garçons sur le chemin du gymnase, c'est-à-dire le bâtiment dans lequel les garçons dansaient et faisaient du sport nus. Les hommes devenaient alors les amants et les professeurs de ces adolescents.
2. Le démonisme. Les Grecs étaient polythéistes. La vie familiale grecque reposait sur un système de sacrifices à des démons qui se faisaient passer pour les esprits de parents masculins décédés. Il en allait de même pour la vie des clans, qui devint la vie politique. Ces démons se présentaient aussi comme des dieux et des esprits souterrains, qui exigeaient des sacrifices et des rituels particuliers pour ne pas détruire les gens. Sur ce point, voir les travaux de l'archéologue-historienne du début du 20e siècle, Jane Ellen Harrison. Ce point n'est jamais abordé dans les manuels scolaires, bien que les spécialistes en soient parfaitement conscients.
3. La guerre. Au centre de la littérature de la Grèce classique se trouve le poème d'Homère, L'Iliade. Il raconte comment le ressentiment d'Achille à l'égard du roi Agamemnon s'est enflammé parce que le roi avait pris pour lui la concubine qu'il avait capturée. Tous les autres hommes avaient des concubines pendant les dix années de guerre. Mais Homère ne mentionne aucun enfant. Voilà de la vraie mythologie grecque ! Leurs femmes restaient à la maison et entretenaient les foyers rituels pour apaiser les esprits masculins défunts de la famille. Athènes s'est détruite dans la guerre impériale inutile de Périclès contre Sparte. Puis les Macédoniens conquirent la Grèce ravagée par la guerre. Mais les manuels scolaires font l'éloge de Périclès comme pilier de sagesse, en reprenant la version posthume de Thucydide de l'oraison impériale suicidaire de Périclès.
4. L'esclavage. Au moins un tiers de la population d'Athènes était réduite en esclavage. Cette proportion est aussi élevée à Sparte. Chaque ménage possédait un esclave. Cela permettait à leurs propriétaires, qui méprisaient le travail physique -- servile -- qu'ils considéraient comme peu digne d'eux, de s'adonner à des loisirs. L'esclavage était une institution universelle en Grèce.
5. L'autonomie. La philosophie grecque était fondée sur l'idéal de l'esprit de l'homme comme étant totalement souverain - aucun Dieu personnel n'était autorisé. Enfin, pas tout à fait. Socrate affirmait qu'un démon (daimon) le guidait dans sa réflexion. Mais les érudits rationalistes, à commencer par Platon, ont toujours minimisé cette affirmation. Ils ont parfois dit qu'il s'agissait simplement d'un langage littéraire hyperbolique. Socrate ne pouvait pas vraiment croire en un démon. Après tout, ils n'y croient pas.
6. L'État providence. À l'époque de Périclès, au moins un tiers des Athéniens de sexe masculin étaient employés par I'État.
7. Le sacrifice humain. Il s'agit d'un thème fondamental de la littérature grecque. Il faisait partie de la liturgie religieuse athénienne. Il n'y avait pas de mouvement collectif pour décrier cette pratique ancienne. Le grand spécialiste en la matière est Lord Acton, qui a écrit en 1864 un essai longtemps ignoré, intitulé « Human Sacrifice ». Cet essai est disponible en ligne ici. Il est inclus dans le volume 3 de Selected Writings of Lord Acton, publié par le Liberty Fund. Depuis le jour où il l'a publié pour réfuter le grand historien Macaulay, les historiens ont refusé de l'intégrer dans leurs récits. C'est bien trop embarrassant.
8. Une vision cyclique du temps. Les Grecs ne croyaient pas à un progrès à long terme ou à un jugement final, mais seulement à des cycles sans fin : progrès et déclin, progrès et déclin. Selon l'historien des sciences Stanley Jaki, c'est la raison pour laquelle les Grecs n'ont jamais développé la science, mais seulement des technologies.
9. L'infériorité de la femme. Les épouses ne servaient qu'à la procréation. Elles ne pouvaient pas être citoyennes. Elles n'avaient aucun droit légal. Un homme avait besoin d'un héritier mâle pour accomplir les sacrifices rituels et le nourrir après sa mort. Les femmes n'avaient aucune influence politique, sauf en tant que prophétesses ou maîtresses.

Vous dites que ce n'est pas ce que vous aviez en tête pour votre enfant ?

Pourtant, depuis 1 800 ans, des chrétiens bien éduqués reviennent sans cesse à la philosophie, à l'art et à la mythologie grecs comme base de l'éducation formelle. Ils mélangent des conceptions rivales de la vie - Dieu, l'homme, la loi, les sanctions et le temps -- et appellent cela l'éducation chrétienne classique.

Ces éducateurs chrétiens bien intentionnés mais d'une naïveté sans nom ont toujours soutenu que les aspects négatifs de la Grèce classique ne faisaient pas partie de cette tradition classique. En d'autres termes, « vous ne les reconnaîtrez pas à leurs fruits ». En d'autres termes, les Chrétiens devraient adopter une tradition culturelle construite sur les neuf piliers de la société grecque classique, mais rejeter ensuite ces neuf piliers. Ils disent -- mais ne précisent jamais comment -- que la Bible peut remplacer ces neuf piliers immondes.

Les humanistes enseignent que la civilisation occidentale s'est principalement développée à partir de la Grèce et de Rome. Les manuels de civilisation occidentale ont toujours consacré la plupart de leurs premières pages à la Grèce et à Rome, et non à Israël et à l'Église primitive. Il y a une raison à cela. Depuis la Renaissance ( « re-naissance ») qui haïssait Dieu, les humanistes cherchent à remplacer la culture chrétienne par la culture classique.

CENSURE ET TRADUCTIONS INCOMPLÈTES

À partir du XVIIIe siècle, et de façon accélérée au XIXe siècle, les érudits ont commencé à traduire les textes classiques en anglais. Les éditeurs vendaient ces traductions au public cultivé. En raison de la perversité sexuelle des textes grecs et de la débauche des textes latins, les éditeurs étaient confrontés à un problème : les lois contre l'obscénité. Ils ont donc demandé aux traducteurs de ne pas traduire les passages salaces. Seuls des lecteurs très instruits pouvaient profiter de ces passages. Les censeurs ont accepté : « Il n'y a pas mort d’homme". Cet arrangement s'appliquait également aux traductions de textes chrétiens chrétiens anciens dans lesquels les auteurs exposaient la perversité des auteurs classiques en les citant mot pour mot. Ainsi, dans une traduction, chaque fois que l'on voit du latin, on sait qu'il s'agit d'un texte empreint de débauche.

Depuis des siècles, les parents chrétiens qui ne parlent ni grec ni latin ignorent tout cela. Ils ont donc fait enseigner à leurs fils le latin et peut-être le grec dès l'âge de six ans dans des écoles privées coûteuses, afin que leurs fils puissent entrer dans les universités de renom et perdre quatre années de plus à lire des textes classiques dans les langues d'origine. Pourquoi ces parents ont-ils agi ainsi ? À cause de la tradition académique. Des générations de parents chrétiens ont agi de la sorte depuis le Moyen-Âge tardif.

Tout cela n'était qu'une gigantesque escroquerie. Il s'agissait en partie de loups humanistes déguisés en agneaux chrétiens. Mais il s'agissait surtout d'un moyen de filtrer les candidats aux emplois bureaucratiques de l'Église et de l'État. C'était un moyen de limiter le nombre de candidats. Cela permettait de maintenir les salaires des bureaucrates à un niveau supérieur à celui du marché. En somme, il s'agissait d'une forme de licence professionnelle.

Cette pratique remonte au serment d'Hippocrate en Grèce, qui commençait ainsi :

Je jure par Apollon le médecin et Esculape le chirurgien, ainsi que par Hygeia et Panacea, et j'appelle tous les dieux et toutes les déesses à témoigner que j'observerai et respecterai le présent serment dans toute la mesure de mes moyens et de mon jugement.
Je révérerai mon maître qui m'a enseigné l'art. Sur un pied d'égalité avec mes parents, je lui accorderai ce qui est nécessaire à sa subsistance et je considérerai ses fils comme mes frères. Je leur enseignerai mon art sans récompense ni contrepartie, et je transmettrai tout ce que j'ai acquis, mes instructions et tout ce que je sais aux enfants de mon maître comme aux miens, ainsi qu'à tous mes élèves, qui se lieront eux-mêmes par un serment professionnel, mais à personne d'autre.

C'était un moyen de créer une sorte de confrérie oligopolistique liée par un serment. Cette pratique est toujours en vigueur dans le monde universitaire. Mais au moins, elle n'est plus basée sur la connaissance du latin.

LE MYTHE PERDURE

De nos jours, seuls les parents protestants évangéliques américains se laissent séduire par le mythe de l'enseignement classique, sous une forme baptisée « éducation chrétienne classique ». En revanche, les parents non fondamentalistes ne veulent pas que leurs enfants perdent des années à apprendre le grec et le latin, qui sont des compétences sans aucune application dans le monde moderne. Les écoles de renom l'ont bien compris, dès les années 1870. Mais les parents chrétiens qui ont reçu une éducation de troisième ordre se voient vendre une marchandise : l'éducation chrétienne classique.

Je vous le demande maintenant : voulez-vous vraiment que votre enfant passe une décennie à étudier un programme basé sur l'enseignement classique ? Si oui, pourquoi ?

Comme vous pouvez le constater, je suis anti-classique.

Depuis 1995, j'ai tiré la sonnette d'alarme sur cet hybride bidon qu'est l'éducation chrétienne classique. Voici mon article original : //www.garynorth.com/Classical1995.pdf.

Dix-neuf ans plus tard, j'ai été contesté dans la presse par un homme qui gagne sa vie en vendant ce qu'il appelle un programme d'études chrétiennes classiques. Il avait vu mon article original en 1995. Il l'avait ignoré. Il gagnait alors trop d'argent pour cesser de publier son programme d'enseignement à domicile. Finalement, en 2014, il a décidé de répondre publiquement. Nous avons débattu deux fois. Puis j'ai écrit ceci : //www.garynorth.com/public/12665.cfm. Il n'a jamais répondu. Que pouvait-il dire d'autre ? Bien sûr, il continue à vendre son matériel.

Je reste anti-classique.

Mes avertissements n'ont servi à rien. Les parents protestants évangéliques sont friands de tout ce qui semble venir de Harvard. Dans le cas qui nous préoccupe, cela provient vraiment de Harvard. Et Harvard l'a récupéré de Cambridge.


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Traduit et publié par trdd.org avec autorisation. Texte original en Anglais en www.garynorth.com/public/14403.cfm