Le terrorisme à visage humain

Le terrorisme à visage humain
Michel Schooyans, de l'université de Louvain, a toujours produit des analyses remarquables sur les tenants et aboutissants politiques de l'avortement de masse contemporain. Il est devenu Mgr Schooyans, mais cela ne veut pas dire que ses livres ne s'adresseraient qu'à un auditoire catholique. Car son argumentation ne se borne pas à citer des textes romains, mais il cite et étudie les sources, il connaît nos travers contemporains et apporte les conclusions logiques et justes de la civilisation chrétienne.

Nous recommandons notamment le dernier ouvrage qu'il a écrit en collaboration avec Anne-Marie Libert, "Le terrorisme à visage humain"1, qui reprend et développe sa compréhension très large et précise de la révolution culturelle actuelle, c'est-à-dire de l'emprise de l'idéologie nihiliste que l'on peut qualifier de "culture de mort". Ce livre comporte quatre parties :

  1. L'action abortive de certains contraceptifs chimiques, une reprise nécessaire,
  2. La «santé reproductive» et les politiques démographiques,
  3. L'objection de conscience en matière de santé, le cas des hommes politiques,
  4. La tactique du salami.

Dans la première partie, l'auteur rappelle que la réalité abortive des contraceptions hormonale était déjà connue dans les années 1960, et retrace la genèse de l'encyclique Humanae Vitae de 1968, avec toutes les pressions d'un clan de théologiens libéraux qui voulaient faire avaler la pilule au monde chrétien et qui ont donc travaillé à éviter la question. Il donne ensuite un résumé des connaissances actuelles sur les mécanismes de la contraception chimique, qu'il est impossible de dissocier de l'avortement, puis il appelle à une qualification morale plus cohérente de la contraception. Humanae Vitae s'était concentrée sur la morale conjugale. Michel Schooyans plaide d'une manière très forte pour que les Chrétiens prennent aussi en compte la violation du commandement «tu ne commettras pas de meurtre» du fait du caractère abortif des contraceptions.

Dans la seconde partie, l'auteur présente les documents de l'OMS qui ont inventé la notion de "santé reproductive" dans le but de mettre en place un contrôle démographique des pays pauvres en y introduisant la contraception et l'avortement, et en y changeant les lois et les mentalités, notamment par le noyautage des groupes religieux. Il démonte ensuite les raisonnements vicieux ainsi que la "novlangue" utilisés, avant de conclure sur la vision du monde tordue (anti-familiale , eugéniste et anti-chrétienne) que cela recouvre.

La troisième partie est une réflexion sur le droit et sa philosophie, face aux perversions contemporaines de la loi, qui, au lieu de punir le crime, le bénit. Mgr Schooyans appelle à l'application de sanctions comme l'excommunication contre les hommes politiques responsables de telles perversions.
Ils ont une obligation d'objection de conscience, au même titre que les professions médicales. Car «au nom du pluralisme, trop de chrétiens se laissent dépouiller de leur propre morale, au point d'adhérer à une conception perverse de la démocratie. Dans ce monde où le droit à la vie ne tient qu'à un fil appelé consensus, le chrétien doit apparaître, sur cette question cruciale, à la fois comme un signe de division et d'espérance.»

La quatrième partie détaille la tactique employée par l'ONU pour corrompre les sociétés. Comme pour le salami, elle procède par de fines tranches de compromissions jusqu'à ce que tout son endoctrinement soit avalé et contamine la société. C'est une tactique d'origine communiste dont Mgr Schooyans raconte l'application à huit pays en développement, dont le Brésil qu'il connaît particulièrement bien. Ainsi la «conception onusienne de la santé reproductive, avec tous ses thèmes connexes, s'infiltre dans toutes les ramifications des organisations religieuses, comme la maladie s'insinue dans le système nerveux, le système lymphatique ou la circulation sanguine. L'infiltration que l'on observe dans les institutions chrétiennes caritatives et hospitalières s'observe également dans les institutions éducatives», notamment par l'introduction dans les programmes de thèmes comme la "santé reproductive" ou l'idéologie du "genre".

Pour conclure, Mgr Schooyans met en garde les Chrétiens contre le rôle d'«innocents utiles» (ou d'idiots utiles selon Lénine) qu'ils sont tentés de jouer en faisant alliance et en collaborant avec des mouvements qui ne respectent ni la vie ni la famille, par avidité de subventions et de notoriété.
«Ces alliances se nouent avec des gens en blouses blanches ou en cols blancs qui, sous couvert d'aide, de compassion, de nouveaux droits, font régner la terreur dans les laboratoires, les cliniques, les hôpitaux, les parlements, les ministères, les organisations internationales.» Car ce terrorisme doux n'utilise plus les explosifs. Il utilise des "bombes" à deux étages. Le premier étage consiste à trafiquer le langage par la corruption. Le second étage répand une violence sournoise, admise par (presque) tous, exigée par l'opinion publique, votée, subventionnée et célébrée. Une violence contre les plus faibles, ceux qui sont sans voix.

La résistance à cette idéologie nihiliste est possible et nécessaire, par la foi et avec courage.


1. Le terrorisme à visage humain, Michel Schooyans en collaboration avec Anne-Marie Libert, éd. François-Xavier de Guibert, 2006