La pilule du lendemain est abortive

La pilule du lendemain est bien abortive, nous l'avons expliqué depuis 2002, notamment en traduisant et en publiant la méta-étude "L'effet post-fécondation de la contraception d'urgence hormonale" 1 faite par les docteurs Kahlenborn, Stanford et Larimore (mars 2002).

Leur démonstration des effets abortifs des pilules du lendemain (qu'elles soient oestro-progestatives ou uniquement à base de progestatifs, comme le Norlevo) est suffisante et n'a pas été contestée de manière sérieuse, c'est à dire avec des arguments solides qui la réfuterait.

Le fabricant lui-même admet la possibilité d'un effet abortif : "plusieurs mécanismes pourraient être en jeu : altération de l'ovulation, ou modification du tissu utérin."

On a pu assister par contre à plusieurs contestations légères ou insuffisantes :

Quelques médecins proches de mouvements pro-vie ont nié que la pilule du lendemain Norlevo était abortive, parce que d'après eux, les effets antinidatoires du Norlevo (progestative à base de lévonorgestrel) n'étaient pas démontrés, et qu'il y aurait un problème de synchronisation : il leur paraissait donc extrêmement improbable que le produit puisse avoir un effet abortif.

Ces affirmations n'étaient pas étayées par des études ni des recherches cliniques, et ces médecins n'ont pas pris la peine d'étudier la méta-étude de Kahlenborn et al. afin d'au moins tenter de la réfuter point par point.

Pratiquement en même temps, le même genre d'argument apparaissait dans une publication militante pro-avortement (IPPF Medical Bulletin, déc. 2002), signés par le Dr Croxatto de l'«Institut Chilien de Médecine Reproductive».

Il a de la suite dans les idées puisqu'il vient de participer à une "étude pilote sur l'efficacité de la contraception d'urgence au lévonorgestrel pré- et post-ovulatoire" publiée dans "Contraception" 2. Cependant l'obstination ne remplace pas le travail ni la méthode. Voici ce qu'en dit John Wilks, pharmacien spécialiste de cette question :

  1. Cette étude pilote a travaillé sur un échantillon insuffisant, ce qui aboutit à un taux d'incertitude de 20%, bien au delà des 5% communément admis. Les auteurs ont d'ailleurs noté cette faiblesse de leur étude.
  2. Pour suivre le processus d'ovulation, cette étude n'a pas utilisé de méthode visuelle, comme l'échographie transvaginale ; elle n'a pas non plus fait de prises de sang après la prise du produit, pour des raisons de coût. Là aussi, les auteurs ont noté cette faiblesse de l'étude.
  3. Pour déterminer à quel moment le rapport "non protégé" avait eu lieu par rapport au moment de l'ovulation, ils n'ont utilisé que les déclarations des femmes. Cette méthode d'obtention des données est reconnue dans tous les pays comme défectueuse et imprécise.
  4. Plusieurs des auteurs sont lourdement impliqués dans le business de l'avortement.

En fait, l'implication des auteurs dans le business de l'avortement les a amenés à chercher à démontrer que les pilules du lendemain n'étaient pas abortives, parce qu'une partie de leur clientèle y est sensible. Mais ils n'ont pas mis les moyens suffisants pour mener une étude sérieuse. Cela leur permet toutefois de dire qu'il y a une étude publiée dans une revue professionnelle et qui soutient leur thèse, et, comme ce sont de bons commerçants, ils éviteront de dire qu'elle n'est pas sérieuse : qui ira vérifier sur cette étude payante et rédigée en langage technique ?

Nos médecins "pro-vie" qui affirment légèrement la même chose ne seraient-ils pas dans un cas de figure identique : prescrivent-ils des contraceptions hormonales (elles aussi abortives) ? Nous-autres Français faisons beaucoup trop confiance aux médecins !


1. Voir www.trdd.org/MAP_FR.HTM

2. "Effectiveness of levonorgestrel emergency contraception given before or after ovulation - a pilot study", Natalia Novikova, Edith Weisberg, Frank Z. Stanczyk, Horacio B. Croxatto, Ian S. Fraser, in Contraception n°75 (2007) 112-118