L'élection de Bush : une victoire pro-vie

Quoi qu'en dise la presse, il ne fait aucun doute que les électeurs qui s'opposent au "mariage" homosexuel et à l'avortement ont fait réélire George W. Bush. Indépendamment de leurs opinions divergentes sur la guerre d'Irak.

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Les "spécialistes" des USA ont oublié de consulter les radios et la presse
chrétiennes en 2004 : ils n'ont pas vu la détermination des Chrétiens face
à l'avortement et au mariage dit "gai"

Les Chrétiens sont la nouvelle force politique qui a émergé des élections de novembre 2004 aux États-Unis. Ils ont massivement voté pour des amendements sur le mariage dans 11 États et ont élu des Républicains au Congrès, Au Sénat et à la Maison Blanche. Il y a eu 120 millions de votants, ce qui représente la participation la plus élevée depuis 1968, et les "value voters" en ont déterminé l'orientation. Les sondages en sortie des urnes ont montré que les questions morales ont joué un rôle au moins aussi important que la question de la « guerre contre le terrorisme » dans la réélection du président. En effet, dans tout le pays, à cause des enjeux, les Américains pro-vie et pro-famille se sont déplacés pour voter pour Bush à cause de ses positions pro-vie et pro-famille, et ils ont veillé à lui donner le soutien du Sénat et de la Chambre des Représentants pour défendre leurs valeurs.

La perception de la réalité

La corporation journalistique, aussi bien aux États-Unis qu'en Europe, prédisait une victoire de Kerry. Ils avaient cependant observé un grand mouvement d'inscription des électeurs, notamment dans les bastions démocrates traditionnels, et s'étaient empressés d'en déduire — à tort — que le vote de gauche allait en être renforcé.

Or ils se sont trompés sur au moins les points suivants :

A la décharge des journalistes, il faut dire qu'ils ne fréquentent pas le peuple, les gens qui travaillent pour vivre, ni les églises que cette majorité de gens fréquentent. Ils connaissent plutôt les boîtes de nuit à la mode et les manifestations gauchistes ou prétendument gaies.

Ils ont donc vécu une douloureuse "gueule de bois" lorsqu'ils ont fini par découvrir les résultats des élections de novembre 2004. Une journaliste de France2 a même pleuré de dépit devant les caméras.

Mais les temps changent, la corporation journalistique qui aime à se décrire comme une "élite" éducatrice des masses subit maintenant les conséquences de ses choix: son isolation d'avec la population, son pharisaïsme imbécile et son mépris pour les valeurs chrétiennes l'ont transformée en un quart-monde courtisan, à la solde de cliques politiques.

La crédibilité des journalistes baisse de jour en jour, leurs journaux ne survivent (en France) que par des subventions, leurs émissions de TV voient leur audience maigrir, leur prestige a disparu. Il se pourrait bien que l'accès libre et diversifié à des sources d'information alternatives (cf. l'Internet) accélère la chute de cette caste qui ne rend pas les services qu'elle prétend rendre.

Le "mariage" homosexuel

Les sondages de CNN en sortie des urnes ont indiqué que les votes des Afro-Américains de l'Ohio — le principal État-bascule qui a donné ses grands électeurs à Bush — pour le président ont presque doublé à cause de son soutien aux amendements de protection du mariage (amendements à la Constitution des USA qui définissent le mariage exclusivement comme l'union d'un homme et d'une femme).

10% des voix d'Ohio proviennent des Afro-Américains. Bush a gagné 16% de leurs voix. Si ces 90 000 électeurs avaient voté pour Kerry, ce dernier aurait gagné l'élection avec une victoire de 40 000 voix en Ohio. La question du mariage a été un facteur décisif dans cette élection. En Ohio le vote de novembre 2004 portait aussi sur un amendement local qui a interdit le "mariage" homosexuel et les unions civiles. Et il s'avère que cet amendement a fait la différence. Bush a gagné environ 500 000 voix de plus qu'en 2000 dans les 60 comtés principaux de l'Ohio.

Le mariage traditionnel a aussi énormément joué dans le Dakota du Sud. Il y avait dans cet État un choix entre l'ancien chef de la majorité sénatoriale (démocrate) Tom Daschle, qui venait de passer quatre ans à bloquer les législations soutenues par Bush, et son challenger républicain John Thune. Thune a pris le temps de mettre en comparaison ses positions sur le mariage et sur les questions morales avec celles de Daschle dans ses spots TV de campagne. 25% des électeurs du Dakota du Sud mettaient les questions morales en tête de liste de leurs préoccupations. Et Thune a été l'un des rares candidats républicains qui a voulu parler de cette question du mariage. Il estimait que si les électeurs du Dakota du Sud apprenaient ce que Daschle faisait vraiment à Washington, ils ne l'éliraient plus. Et c'est exactement ce qui s'est produit.

L'effet de bascule des pro-vie

Les positions des républicains sur l'avortement les ont également aidés à gagner. Thune a montré que pendant ses 18 ans de Sénat, Daschle avait voté 75 fois sur 83 contre les projets de lois soutenus par les pro-vie. Et le Président Bush est le président le plus pro-vie depuis Ronald Reagan. C'est certainement pourquoi les Hispaniques et les femmes mariées blanches ont le plus augmenté leur soutien à Bush en 2004, suffisamment en tout cas pour expliquer les 3,5% d'écart qui lui ont permis de battre Kerry.

Ces deux groupes (Hispaniques et femmes mariées blanches) ont en effet de fortes positions pro-vie. Selon le Washington Post, le vote hispanique pour Bush est passé de 35% en 2000 à 44% dans 2004 — ce qui a un impact de 1% sur le vote populaire total. Et pour les femmes mariées blanches, son soutien est passé de 49% en 2000 à 55% dans 2004 — ce qui a un impact de 2,5% sur le vote populaire total.

Historiquement les Latinos étaient un bastion démocrate, leur bascule vers la droite en 2004 est probablement due aux positions pro-vie constantes de Bush, au contraire de Kerry qui a défendu les positions pro-avortement les plus extrémistes, comme par exemple l'avortement par naissance partielle. Les Hispaniques forment également l'un des groupes les plus religieux de l'électorat : ~1/3 d'évangéliques et ~2/3 de catholiques. Et leur participation a augmenté de 50% lors du vote de 2004 par rapport à 2000 : ils ont choisi de voter pour leurs valeurs.

En effet, 90% des Hispaniques se considèrent comme Chrétiens et 70% sont contre l'avortement et croient que le comportement homosexuel est mauvais. C'est une communauté conservatrice qui est à gauche sur le plan socio-économique, mais qui, cette fois-ci, a décidé que les questions morales étaient les plus importantes.

En conclusion

Les sondages en sortie des urnes montrent que la question de l'avortement a affecté le vote de 42% des électeurs; 25% des électeurs ont indiqué avoir voté pour des candidats pro-vie, alors que 13% votaient pour des candidats pro-avortement. Cela fait un avantage de 12% pour les candidats pro-vie, à comparer avec les faibles marges de la victoire de Bush dans un certain nombre d'États clés, dont la Floride et l'Ohio (moins de 4%).

De plus dans les États où un amendement de protection du mariage était présenté aux électeurs, ces amendements ont eu encore plus de voix que le président Bush (sauf dans l'Utah avec près de 65%).

Une bataille est gagnée mais la guerre pour le droit à la vie n'en est pas pour autant gagnée. Les petits juges tyranniques et gauchistes continuent leur destruction du droit, comme en témoigne la lamentable affaire qui a abouti à la condamnation à mort par privation d'eau et de nourriture de Terri Schiavo à cause de son handicap. Les petits juges en questions ont été félicités par le Planning Familial US, comme si les millions d'enfants déjà avortés par cette organisation eugéniste ne lui suffisaient pas.

Quant à l'Europe, nous ne sommes qu'au début d'un renouveau qui peut prendre plusieurs générations. Les populations européennes sont extrêmement sécularisées et les ripostes sont souvent engluées dans une mentalité socialiste qui peine à percevoir la réalité et les stratégies efficaces pour y faire face. En attendant, la vieille Europe échappera-t-elle à la «Tiers-Mondisation» ? n


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