Le camp de la défense
de la vie humaine est actuellement dans la défaite dans les pays occidentaux dits
"développés", puisque les avorteurs avortent à tour de
bras, les empoisonneurs empoisonnent avec des tonnes de pilules, la plupart des jeunes
accepte et pratique la révolution sexuelle, pour son plus grand asservissement.
Ce mouvement, parti de l'Amérique
du Nord et de la Scandinavie, a contaminé l'Europe et l'Asie. Il attaque sérieusement
l'Amérique Latine, l'Afrique et l'Océanie.
Depuis des années, nous et d'autres
dénonçons cette situation de fait, situation suicidaire et autodestructrice,
qui est en train de réduire à néant les civilisations ainsi contaminées.
Nous avons un rôle à jouer
pour préparer la suite. Pour cela, il est indispensable de nommer et de rejeter
les illusions et les erreurs qui on induit ce cataclysme, et qui polluent encore souvent
la pensée et la théologie dans notre camp. Les mêmes causes produisant
souvent les mêmes effets, ce que nous reconstruirons risquerait de porter en germe
le cataclysme auquel nous nous opposons.
Nommer les illusions
Nous sommes dans une période de
relativisme moral. Le pape Jean-Paul II a traité ce sujet dans Veritatis Splendor.
Et ce relativisme moral se fonde sur un
relativisme doctrinal. Le mot "dogme" est devenu tabou, pourtant la société
contemporaine fonctionne bien sur des dogmes, ceux d'une religion séculaire dominante,
intolérante et totalitaire. Celle-ci n'a pu se mettre en place que parce que les
Chrétiens lui ont abandonné le terrain et se sont installé dans
une doctrine et une pratique de la défaite, autrement dit, quelques hérésies
rendent impuissant le Christianisme occidental en le dénaturant, alors qu'il avait
mis en place une véritable civilisation et la culture de vie.
Le mot hérésie ne fait plus
partie du vocabulaire contemporain. Pourtant il n'est pas besoin de chercher longtemps
pour retrouver de nombreuses hérésies classiques dans la pensée
et la praxis contemporaine, dans les églises et hors des églises :
l'arianisme, la kénose, l'unitarisme, le pélagisme, le catharisme... auxquelles
s'ajoutent des versions plus récentes comme la théologie de la libération.
Ces hérésies infectent aussi
bien les milieux Catholiques que les Protestants, car elles sont souvent d'un niveau
plus fondamental que leurs disputes traditionnelles.
Nous ne ferons pas ici une étude
complète et détaillée de chacune de ces hérésies car
il y a là un terrain à re-défricher pour de nombreux universitaires,
et l'étude de la maladie n'est utile que si elle peut amener à la guérison.
Aussi nous nous intéresserons aux deux grandes familles d'hérésies
qui nous paraissent être les principales dans le monde contemporain : le sécularisme
et le privatisme.
1) Le sécularisme se retrouve dans de nombreuses hérésies plus anciennes.
Il consiste à remplacer la religion du Dieu trinitaire créateur par la
religion de l'humanisme telle qu'elle a été définie par son fondateur :
"vous serez comme Dieu, connaissant le bien et le mal", c'est-à-dire
que l'homme choisit ce qu'il veut considérer comme bien ou mal, indépendamment
de son Créateur. Cette religion cache sa nature religieuse ; elle pollue nos écoles,
domine la politique, est prêchée par les médias. Elle se prétend
bienveillante, laïque et neutre, mais son but est en réalité d'abolir
toute trace du Christianisme. Elle prétend rassembler une communauté nationale
autour de ses "valeurs" ; or une communauté n'existe que par une foi
commune ; les critères de race, ou de territoire sont totalement indépendants
de la foi. Ainsi les prétendues "valeurs républicaines" sont
en réalité une foi selon laquelle l'homme, au travers d'un système
de votations déterminerait le bien et le mal. Il suffit donc de majorités
de circonstance pour appeler le mal bien et le bien mal, c'est ce qui se passe de façon
flagrante depuis le vote des lois d'avortement qui transforment le meurtre en bien, et
l'opposition pratique à l'avortement en délit.
Le sécularisme procède d'abord
d'un grand courant d'hérésies
gnostiques qui considère tout ce
qui est matériel comme mauvais et tout ce qui est intellectuel ou spirituel comme
bon ; le salut est pour elles apporté par la connaissance. On y retrouve aussi
le rejet de l'Ancien Testament, de la loi de Dieu et de l'Incarnation. Ces hérésies
proviennent du manichéisme et de la philosophie grecque.
Cela a donné d'une part des adeptes
qui se veulent "purs" esprits, au point de mépriser leur corps et de
se castrer (Origène) et d'autre part ceux qui encouragent toutes les activités
sexuelles, pourvu qu'elles aient lieu en dehors du mariage (c'est le catharisme présent
dans l'idéologie du planning dit familial) : comme le corps n'a à
leurs yeux aucune valeur, le déconnecter de toute moralité leur paraît
évident. Tous ces adeptes du sécularisme prétendent donc définir
et réglementer la sexualité à leur manière, comme s'ils en
étaient les inventeurs. Depuis les temps les plus reculés, c'est une manoeuvre
idéale pour mettre des populations en difficulté et en faire des esclaves.
Cela s'appelle la prostitution rituelle, l'esclavage sexuel, la révolution sexuelle,
la "libération" des moeurs, etc.
Le fait de voir le bien et le mal non
en terme de morale, mais en termes d'essence (spirituelle contre matérielle) conduit
non pas à la nécessité de la conversion mais à la condamnation
à mort. D'où le goût de l'extermination de Robespierre (bons sauvages
contre civilisation), de Marx et de ses disciples (classe ouvrière contre classe
privilégiée), de Darwin (race supérieure contres races inférieures).
Le second grand courant d'hérésies
sécularistes est fondé sur l'arianisme. Ses applications modernes les plus dangereuses sont le marxisme
(théologie de la libération) et l'unitarisme. Pour Arius d'Alexandrie (280-336),
Jésus n'est pas divin, il n'est pas éternel ni égal au Père.
Cela pourrait paraître très intellectuel mais il s'agit en réalité
d'une grave subversion du Christianisme dont on peut comprendre l'objectif quand on observe
qui étaient ses soutiens : de nombreux empereurs romains ; en effet, réduire
le rang de Jésus permettait à l'empire de le considérer comme une
simple créature, au même titre que les autres divinités païennes
dont il contrôlait le culte. Cela revenait à diviniser l'État et
à donner l'autorité suprême à l'homme, ce qu'ont bien compris
les conciles qui ont rejeté l'arianisme (Nicée 325, Constantinople 381).
Les hérésies sont très souvent totalitaires. Exemple : en 662 l'empereur Constant II fit couper la main droite et la langue de l'abbé grec Maxime le Confesseur, afin qu'il n'ait plus accès aux médias de l'époque, la parole et l'écrit : il s'était illustré dans la lutte contre le monothélisme, un dérivé de l'arianisme soutenu par l'empereur. |
2) Le privatisme
est une famille d'hérésies complémentaires, qui se présente
comme chrétienne. Elle limite la religion à la croyance et refuse son influence
sur le monde. Elle a transformé les cultes dominicaux en spectacles émotionnels
et la piété en sentimentalisme mou. Elle refuse toute mention de la culture
et de la civilisation chrétienne et veut limiter les Chrétiens à
exercer leur foi dans la sphère privée.
Dans le piétisme, la seule activité
humaine valable est une activité "spirituelle", la prière, le
ministère. La politique est regardée avec dédain comme étant
une activité sale. les activités professionnelles sont méprisées
car vues comme "matérialistes". Le mariage est vu comme un état
inférieur au célibat.
Certaines branches de cette hérésie
se bornent à attendre le retour du Christ, se réjouissant de la dégradation
du monde actuel vue comme un signe annonciateur de l'«enlèvement»
des croyants. Le quiétisme et le piétisme ont depuis le début du
XXème siècle favorisé l'abandon par les Chrétiens des sphères
politiques, culturelles, familiales, économiques etc. pour des «fondamentaux»
réducteurs : ils n'ont retenu du Christianisme que ce qui avait trait à
la sphère privée, copiant ainsi la méthode de leurs adversaires
les "libéraux".
C'est ainsi une culture de la défaite
qui a vu le jour, alors que la victoire nous est promise. Cela convient tout-à-fait
aux États qui cherchent à étendre leur pouvoir et à s'asservir
les populations.
Reconstruire
Si l'on s'imagine que l'on a un peuple
bon et des dirigeants corrompus et vénaux, on se trompe et on ne voit pas la réalité
qui est bien plus cruelle : les dirigeants sont à l'image de la population.
La population des votants se satisfait des lois iniques tant qu'elles ne se sent pas
menacée. Ainsi il est faux de penser que si les arguments pro-vie ne prospèrent
pas en France, c'est parce que la communication des groupes pro-vie est imparfaite et
inadéquate. Une population n'entend et ne croit que ce qu'elle veut croire et
entendre, trop bien servie en cela par ses médiaprêtres qui font office
de filtres protecteurs de sa religion humaniste séculaire.
CÆest bien une ornière dont
il est difficile de sortir : l'État et des médias corrompus monopolisent
les moyens de communication de masse pour conserver leurs positions dominantes.
La Foi que nous avons en héritage
mène normalement à des victoires sur la barbarie, que celle-ci soit majoritaire
ou non. Nous devons nous la réapproprier et agir en conséquence. Nous devons
agir dans le domaine politique mais nous savons que nous ne devons pas attendre des politiques
qu'ils résolvent tous les problèmes : il s'agit surtout de leur retirer
des moyens de nuire en restreignant le domaine du politique. l'État est compétent
dans certains domaines (justice, police) et pas du tout dans d'autres ; il est là
pour appliquer la Loi et non pour la trafiquer à sa guise, comme il le fait en
légalisant ou en tolérant l'avortement, l'expérimentation sur les
embryons humains (cellules souches), l'euthanasie, etc.
Ce qu'il faut reconstruire en premier,
c'est la famille, l'institution qui a été la plus détériorée.
On l'a dépouillée de ses responsabilités, au profit de l'État
qui s'arroge tous les droits. Ce n'est pas en sollicitant des "aides" de l'État
que l'on sauvera la famille, on n'aboutirait qu'à la rendre encore plus dépendante.
La famille est le lieu du don de la vie. Il est donc évident que les familles
chrétiennes ne doivent pas accepter de détruire leurs enfants avant la
naissance (contraceptions, avortement) ni après leur naissance (lavage de cerveau
par l'école d'État). En effet, l'éducation des enfants doit redevenir
la prérogative des parents. Ils peuvent déléguer certaines tâches
mais l'éducation doit rester sous leur autorité.
La séparation de l'École
et de l'État est donc nécessaire,
parce que tout ce que l'État finance, il le contrôle, et tout ce qu'il contrôle
ne sert que ses propres intérêts. Le "mammouth" qu'est devenue
l'Éducation Nationale française est une gigantesque entreprise d'endoctrinement
socialiste anti-chrétien ; on y pousse systématiquement les enfants à
rejeter la foi de leurs parents et à devenir des citoyens dociles et serviles.
Son but reste la "socialisation" et non la réussite académique.
C'est le grand champ de recrutement de
toutes les gauches : ils y suffit de quelques manifestations de printemps et de
quelques incitations à la promiscuité sexuelle pour transformer les lycéens
en trostskistes convaincus et militants. Les gauchistes ayant peu d'enfants, c'est leur
principal moyen de reproduction.
L'Enseignement Catholique sous contrat
a adopté les mêmes programmes, avec aussi des enseignants non-chrétiens
fournis par l'E.N. On n'y distribue pas encore la pilule abortive et le taux de réussite
académique y reste encore légèrement supérieur. Les subventions
à ces "écoles libres" constituent le moyen de pression par excellence
de l'État sur le clergé catholique français. Souvenons-nous de la
manière dont Jack Lang a roulé dans la farine le chanoine Cloupet, au détriment
des parents. Le silence des évêques sur les questions importantes est-il
alors étonnant ?
Il n'y a pas encore en France beaucoup
de parents qui font l'école directement à leurs enfants. Aux États-Unis,
c'est ce "home-schooling" qui explique la vivacité et l'influence émergente
des Chrétiens, il ne leur a pas été facile de recouvrer ce droit,
et il y a encore des batailles contre l'ingérence de l'État et des syndicats
d'enseignants gauchistes.
Si les parents réussissent à
transmettre correctement leur Foi, en ayant d'une part une vie et des comportements cohérents
avec elle, et d'autre part en évitant de livrer leurs enfants à l'endoctrinement
de l'adversaire, ce dernier verra se tarir sa source principale de recrutement et sera
affaibli. On pourra alors voir un basculement des forces en présences, de nouveau
des victoires et la construction d'une nouvelle culture
de la vie. n