Depuis l'été 1999, nous avons observé
de nombreux mauvais coups contre le droit à la vie. Ces coups sont d'une
extrême gravité ; ils sont symptomatiques du passage de notre pays
dans une nouvelle ère de barbarie, conséquence normale de la loi d'avortement
de 1974, et cela doit nous amener à des réflexes nouveaux.
Il n'y a désormais plus en France de communauté civile (la communauté
impliquerait des valeurs communes) et nous devons apprendre à nous comporter
comme une minorité opprimée mais agissante, car nous ne devons pas
accepter le découragement : de nouvelles orientations doivent être
prises si nous voulons la victoire, qui nous est promise.
L'arrogance au pouvoir
1) Martine
Aubry s'est fait faire un rapport (le rapport Nisand) qui reprend en gros les revendications
des eugénistes en France et aux États-Unis depuis des années
:
suppression
de l'autorisation parentale pour avorter une mineure,
allongement de 2 semaines du
délai légal pour avorter (12 semaines au lieu de 10 après fécondation),
obligation pour les hôpitaux
publics d'assurer un "service" continu d'avortement,
suppression de la clause de
conscience par le biais d'une discrimination à l'embauche des chefs de service
en gynécologie.
Elle a donc annoncé en été
99 son intention de déposer un projet de loi, en utilisant les arguments
éculés dont le planning nous rebat les oreilles depuis des années.
Il semble que ce projet de loi devrait ressurgir pendant l'été 2000
(tout le monde sera en vacances).
2) Les associations pro-vie
sont l'objet de persécutions judiciaires et autres. C'est notre cas (voir
article sur ce sujet plus loin) et nous ne sommes pas les seuls : l'association
Droit de Naître avait organisé une pétition contre le rapport
Nisand. Le pouvoir s'est alors livré à un exercice de diabolisation
stalinienne envers cette association (DDN serait l'émanation d'une secte
et des injures antisémites, qu'on ne nous a pas montrées, seraient
inscrites sur les pétitions).
Ces agressions visent à masquer l'arrogance et le totalitarisme : le 5 août
99, Aubry déclarait qu'elle ne voulait débattre de son projet qu'avec
ceux qui étaient d'accord avec elle, illustrant ainsi sa conception totalitaire
de la "démocratie".
3) La pilule dite du
lendemain a été mise en vente dans les pharmacies de France. L'une
d'entre elles peut même s'acheter sans ordonnance. Aubry a trouvé une
filière pour fourguer cette drogue : les lycées et collèges,
au mépris des parents et de la conscience des personnels ! Or il s'agit de
drogues abortives, dont la prise est dangereuse même pour la mère.
L'État français montre ainsi qu'il ne respecte même pas sa propre
loi (la loi Neuwirth de 1967 qui rend obligatoire l'ordonnance d'un médecin
pour la délivrance de tels produits).
4) L'ONU continue ses
pressions eugénistes : sous couvert de féminisme, à l'occasion
du cinquième anniversaire de la conférence du Caire, de nouvelles
agressions sont en cours : suppression de la clause de conscience, imposition de
l'avortement comme un droit dans les pays du Tiers-Monde où c'est un crime.
La presse a occulté le scandale de la complicité de l'ONU dans une
" épuration ethnique " au Kosovo: le FNUAP, une des agences de
l'ONU a distribué des kits d'avortement aux femmes kosovars réfugiées,
à la demande du gouvernement serbe (Milosevic) qui trouvait que la population
des Albanais du Kosovo avait une trop grande croissance. La propagande officielle
a au contraire cherché à démontrer que les opérations
de l'OTAN et de l'ONU là-bas avaient un but humanitaire en faveur des Kosovars
!
5) Une campagne de propagande
de 24 millions de francs pour la " contraception " a été
lancée en début d'année par l'État, visant la jeunesse.
Parallèlement des téléfilms de propagande ont été
réalisés et diffusés : ils racontent les exploits d'une héroïne
de fiction pro-avortement (nommée Victoire) dans un style qui dépeint
les anti-avortement de manière caricaturale ; ils sont apparemment censés
faire gober la version de l'histoire du planning aux jeunes générations
qui n'ont pas connu les combats des eugénistes.
Dans le même esprit, le ministère de la jeunesse et des sports (communiste)
promotionne pour 4,5 millions de francs la pilule du lendemain et le PACS, au travers
d'une publication "Droits des jeunes" diffusée à 500.000
exemplaires chez les jeunes. Un site WEB a même été créé
pour 2,15 millions de francs.
La compromission, cause de défaites
Depuis les débuts de l'ère judéo-chrétienne,
de véritables progrès ont modelé la civilisation occidentale,
notamment par la notion nouvelle du respect de la vie humaine. Or, depuis deux siècles,
cette civilisation décline et les dernières décennies voient
un retour en force de la barbarie (avortement, euthanasie, massacres de civils...)
On a beaucoup parlé de l'esprit gaulois de division, de l'individualisme
français, pour expliquer les défaites successives du camp pro-vie.
Mais on trouve les mêmes défaites aux États-Unis, au Royaume
Uni et dans tous les pays occidentaux, alors que ces caractéristiques françaises
n'y sont pas prédominantes.
Ces défaites ont en réalité une autre explication, d'ordre
spirituel : il s'agit de la compromission des gens de bien, ce que nous pouvons
appeler le "syndrome de Balaam". Plusieurs éléments
concordants permettent de l'affirmer avec certitude :
De nombreux journaux, même dâ€Öobédience
chrétienne, expriment cette volonté de compromission. S'ils osent
le faire, c'est que cela correspond à l'état d'esprit d'une grande
partie des croyants en France. Cela mérite quelques illustrations :
Le Pèlerin du 10/12/99 répète sans esprit critique les objectifs officiels
de l'État dans sa campagne de propagande pour la contraception : enrayer
les grossesses adolescentes. Ce même journal soutient "la mise en
place d'une contraception responsable" et déplore, comme le planning,
"le manque d'information (...) à la sexualité". Malgré
l'évidence, il dit que "la pilule contraceptive empêche l'ovulation"
alors que son caractère abortif est avéré. Suivent un interview
d'une conseillère du CLER : "la contraception peut être
un progrès..." et des commentaires bienveillants sur la campagne
de propagande à l'élaboration de laquelle des "médecins
spécialistes ont été associés" [comme c'est
rassurant !] de façon à "transmettre la nécessité
d'une contraception". L'éditorial expliquait déjà :
"il faudrait être bien léger pour en condamner le principe".
On cite le Pr. Nisand, allié d'Aubry et on interview une chef de l'ACGF (Action
catholique générale féminine) qui pense que "la contraception
participe à l'équilibre de vie des femmes" et que la pilule
du lendemain a le mérite d'ouvrir "un dialogue entre une jeune fille
et sa mère". Mais pour bien montrer sa spécificité
chrétienne, Le Pèlerin insiste pour que l'on parle d'abord d'amour,
ce qui est la position officielle de l'épiscopat catholique dans cette affaire.
Le journal La
Croix a une position assez proche : il perpétue
sans esprit critique la légende fabriquée par le planning selon laquelle
"les responsables politiques en 1975 avaient à gérer un grave
problème de santé publique (le drame des avortements clandestins)"
(29/11/99) et "avant la loi [Veil], le nombre d'avortements pratiqués
était estimé à 250 000 par an" (10/01/2000) [alors que la démonstration est faite depuis longtemps
que le chiffre maximum était de 90.000, démonstration que nous avions
publiée et diffusée]. Les personnes qu'il
choisit de citer viennent presque exclusivement du camp de l'adversaire : le
Planning Familial, Paul Cesbron, le chef de file des tenanciers d'avortoirs (10/01/2000),
Claude Sureau, partisan de l'avortement eugénique et d'un respect "relatif"
de l'embryon en fonction de son âge (17/02/2000). Lorsque le gouvernement
socialo-communiste décrète la distribution du Norlevo dans les écoles,
La Croix salue ce grand progrès par le titre : "Ségolène
Royal donne aux infirmières les moyens d'agir" (7/1/2000).
Les courriers des lecteurs, ceux que l'on publie,
sont aussi instructifs quant à la mentalité de la population :
on y découvre des "conseillères conjugales" chrétiennes
qui louent la loi Veil, et qui rappellent avec fierté que le planning n'est
pas le seul à faire les entretiens pré-avortement et à faire
de la "planification familiale", qu'il y a aussi leurs organisations "catholiques"
CLER, Couple et Famille, etc.
La décision du pape Jean-Paul II de
faire cesser la compromission des évêques allemands dans le processus
d'avortement est fortement critiquée dans La Croix et La Vie ; pour eux
"l'Église a déserté et trahi sa mission auprès
des personnes en difficulté", "il faut des centres chrétiens
sur l'IVG" et l'Église allemande a été "injustement
rabrouée". Car "il ne s'agit pas pour nous de garder les
mains propres mais d'aller à la rencontre des femmes d'aujourd'hui"
pour mieux témoigner [de quoi ? NDLR]. L'attitude contraire est stigmatisée
comme "légaliste", digne de Pilate, ou comme un "repli
vers la défense d'une identité chrétienne par un retour à
"l'ordre moral"".
Le caractère abortif du NORLEVO est contesté
par le CLER et l'AMRV (mais pas par le fabricant), sans pour autant aboutir à
une conclusion certaine, mais cette presse "chrétienne" n'ose en
général pas passer à l'offensive en divulguant le caractère
abortif des autres pilules dites "contraceptives".
D'après un sondage CSA/ La Vie
de décembre 99, seulement 51% des "catholiques pratiquant régulièrement"
seraient en désaccord avec la délivrance à l'école de
la "pilule du lendemain". Il faut dire qu'en France, une grande partie
des catholiques critique l'encyclique Humanae Vitae sans l'avoir jamais étudiée.
De plus les mises en garde du Vatican sur les drogues abortives ne les ont pas atteints.
On comprend mieux pourquoi en France il y a si
peu d'investissement et d'action contre la barbarie ambiante, pourquoi les croyants
sont dissuadés de s'impliquer dans la défense de la vie humaine.
Quelle crédibilité et quelle efficacité
pouvons-nous avoir dans la lutte contre l'avortement instrumental quand nous sommes
complices de l'avortement chimique déguisé derrière la contraception ?
Quand nous attendons tout d'un État barbare et que nous lui livrons nos enfants
pour les faire endoctriner dans ses écoles ? Quand nous sommes esclaves
de l'opinion publique ? Quel genre de témoignage un croyant peut-il
délivrer si, sous le prétexte de mieux communiquer, il bafoue par
sa complicité avec la barbarie le message qu'il veut transmettre ?
Ce n'est pas parce que l'adversaire est barbare
et qu'il s'organise qu'il obtient des victoires ; c'est parce qu'il ne trouve
pas d'opposition dans les rangs de ceux qui devraient lui résister.
Comment en sortir ?
Il s'agit donc prioritairement de balayer devant
notre porte, de faire en sorte que la compromission cesse dans notre camp, que les
gens civilisés qui respectent la vie humaine ne soient pas en même
temps, consciemment ou inconsciemment, en train de commettre ce qu'ils dénoncent.
Aujourd'hui la confusion est grande, c'est pourquoi
la première chose à faire
est l'information, faire connaître la vérité.
Informez-vous et informez les autres. Il y a aujourd'hui une nouvelle opportunité :
l'Internet.
Ce nouveau média est une révolution
du monde de l'information : il permet un accès très rapide à
des données disséminées de par le monde ainsi qu'une diffusion
universelle d'informations. Contrairement aux grands médias classiques, il
est presque impossible à censurer et ne demande que de faibles moyens pour
être efficace et toucher potentiellement des millions de personnes. L'Internet
est aujourd'hui principalement consulté par des cadres mais il est en train
de devenir un outil grand-public.
De plus, un site peut être enrichi par un
groupe de personnes éparpillées géographiquement, ce qui permet
à des bénévoles même isolés d'apporter leur contribution
sans se déplacer.
Le site de La Trêve de Dieu
vient donc de démarrer (www.trdd.org) et comporte même des adresses
d'accès spécialisées sur la campagne contre la chimie abortive
(www.pilule.org et www.pilule.net). Ce site, modeste aujourd'hui, vise à
devenir au fil des mois une référence dans ce combat, au travers d'un
enrichissement constant.
Pour être connu et consulté, un site
Internet doit être référencé dans les principaux
moteurs de recherche. On doit aussi le faire connaître par de la publicité,
c'est pourquoi nous avons inclus dans ce numéro une planche d'autocollants,
à coller à proximité des écoles, maisons de jeunes,
etc.
Le second point clef : faites-le
vous-même. Nous avons tendance en France à
tout attendre des "chefs" ou du clergé, puis à les regarder,
les critiquer. Rien ne vaut pourtant l'initiative et l'organisation locale. Si vous
pouvez contribuer, même modestement, à la mise en route de groupes
de jeunes ou de moins jeunes pour des actions militantes, personne ne pourra le
faire à votre place ; nous pouvons vous aider à mettre cela sur
pied chez vous. Le clergé est d'abord très occupé à
enseigner, et n'a pas en général beaucoup de disponibilité
pour mener des actions. Les "laïcs" ont aussi en tant que croyants,
une vocation à l'action ; des croyants qui se borneraient à effectuer
des pèlerinages ou d'autres actions cultuelles, risquent de passer à
côté de leur véritable vocation de mise en pratique.
L'influence n'est pas une question de grand nombre ;
trois personnes déterminées et organisées peuvent faire un
travail fantastique dans une ville, par exemple.
Le troisième point clef :
les finances. Nous avons tous entendu parler de la dîme,
qui consiste à donner 10% de son revenu à des oeuvres. C'est à
vous de décider à quelles oeuvres vous la destinez. Sans cet argent,
elles végéteront et ne produiront que peu de fruits.
Thierry LEFEVRE